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United We Dream, la voix des jeunes immigrés portée jusqu’au Congrès

À quelques mois de la présidentielle américaine, la question de l’immigration n’a presque jamais été aussi cruciale. Notamment pour les jeunes immigrés, pris pour cible par la politique migratoire de l’administration Trump depuis que le président a décider de supprimer le programme leur permettant d’éviter la déportation, en septembre 2017. Une situation préoccupante qui fait de cette élection un enjeu de taille pour United We Dream, plus grande organisation menée par la jeunesse issue de l’immigration aux États-Unis.

En 2017, Donald Trump annonce la suppression du programme DACA. 4 lettres devenues un symbole de protection pour les « Dreamers », ces jeunes immigrés arrivés aux États-Unis lorsqu’ils étaient enfants. Elles renvoient au Deferred Action for Childhood Arrival, un dispositif crée par décret en 2012, par Barack Obama, et qui permet à ses bénéficiaires -700 000 et environ 1,1 million de personnes supplémentaires potentielles non inscrites- de vivre et travailler aux États-Unis. 

 

En raison de plusieurs injonctions par trois tribunaux de première instance, le président n’a néanmoins jamais pu totalement mettre son plan à exécution. Résultat : le programme n’accepte plus de nouveaux candidats depuis septembre 2017.

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Une manifestation pour le maintien du programme DACA, devant la Maison blanche (Crédit photo : Victoria Pickering- Flickr)

Pour l’organisation United We Dream, qui lutte depuis dix ans pour la défense des droits et la protection des jeunes immigré.e.s, cette décision du président est un message de menace clair envoyé à la jeunesse. "DACA est l’une des plus grosses victoires sur l’immigration aux États-Unis, affirme José Muñoz, directeur des communications à United We Dream. En dehors de ça, on avait jamais connu d’évolution positive depuis les années 1980." Une réussite d’autant plus significative qu’elle a été rendue possible par l’action des personnes concernées, qui, en 2012, ont poussé le gouvernement de Barack Obama a légiférer pour la protection des "Dreamers". 

 

Parmi eux, de nombreux membres de United We Dream. José Muñoz raconte : "On comptait plus de 3 millions de déportations sous l’administration Obama, un des nombres les plus importants, toute administration confondue. Ça a vraiment amené les jeunes à contre-attaquer."

Au coeur des décisions politiques 

Trop souvent, explique José Muñoz, "les voix des jeunes sont utilisées sans qu’ils ne soient vraiment autour de la table." C’est ce constat qui a amené à la création de United We Dream, en 2008. Aujourd’hui, l’organisation qui compte plus de 750 000 membres à travers tout le pays, essaie de mobiliser ses membres et les encourager à contacter directement les politiciens afin de défendre des budgets ou des projets locaux. 

 

Une influence sur le jeu politique que l’organisation s’applique également à avoir au sein-même des États. Dans le Connecticut, une loi a récemment été adoptée permettant aux étudiants sans-papiers ou en situation irrégulière d’avoir accès à des aides financières institutionnelles, au sein de leurs universités. De même dans l’État du Nouveau-Mexique, où une loi permettant aux étudiants sans-papiers d’être diplômés dans des licences professionnelles vient juste d’être adoptée, et attend d’être appliquée.

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« On ne fait pas que rêver d’un monde meilleur, on le planifie »

A United We Dream, l’objectif est clair. Il faut aller plus loin que DACA : "Le dispositif DACA, c’est le strict minimum", explique José Muñoz, précisant que le programme, aussi protecteur qu’il soit, est, du fait de son caractère temporaire et parce qu’il est un décret, à la merci du gouvernement au pouvoir. C’est pourquoi, l’année dernière, l’organisation a également travaillé avec des membres de la chambre des représentants sur une loi, le Dream and Promise Act. Un projet qui, non seulement protège les jeunes immigrés d’une éventuelle déportation, mais prévoit également un chemin vers la nationalisation américaine. Similaire au Dream Act, plusieurs fois débattu au Congrès mais jamais promulgué, le projet a été adopté par la chambre en juin 2019, avant d’être rejeté par le Sénat. 

 

Des allers-retours et négociations législatives incessantes qui ne font pas perdre de vue aux membres de United We Dream leurs valeurs : "On ne fait pas que rêver d’un monde meilleur, on le planifie. On veut avant tout faire en sorte que n’importe quelle loi qui permettrait d’accéder à la nationalité américaine ne vienne pas amener, en parallèle, d’horribles conséquences pour les autres, comme en limitant le nombre d’immigrants qui pourraient entrer aux États-Unis, ou en finançant à hauteur de millions de dollars des agences comme ICE et CBP qui terrorisent notre communauté, explique José Muñoz. Ce sont ces agences qui ont séparé des familles entières. Ce sont ces agences qui ont mis des enfants en cage."

 

En cette période de crise sanitaire, United We Dream continue de lutter pour la défense des droits des personnes immigrées. Alors que plus de 35 000 migrants migrants sont actuellement enfermés dans des camps de détention, aux quatre coins du pays, sans possibilité de distanciation sociale, l’organisation demande fermement leur libération.

Rachel Rodrigues

* ICE (United States Immigration and Customs Enforcement), agence de contrôle de l'immigration américaine 

** CBP (Customs and Border Protection), service des douanes et de la protection des frontières américain

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