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L’engagement politique des jeunes

Afro-américains au sein du parti démocrate

Trayvon Martin en 2013, Eric Garner et Michael Brown en 2014, Walter Scott, Freddie Gray ou encore Philando Castile : tous ces noms retentissent effroyablement comme les symboles des violences policières à l’encontre des Noirs aux États-Unis. Une liste inépuisable, qui ne parvient pourtant pas à mettre des mots sur la souffrance endurée par la communauté afro-américaine, et qui a engendré un regain d’engagement depuis la création de Black Lives Matter, en 2013. Au sein des Young Democrats of America, Rashad Gaines explique en quoi la jeunesse Noire se doit de s’approprier ses discours et ses combats. 

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Impliqué au sein des Young Democrats of America depuis sa dernière année à l’université, en 2006, Rashad Gaines n’a eu de cesse d’occuper différents postes depuis lors : de l’organisation d’événements sur son campus pour le parti, au pilotage des campagnes de mobilisation des jeunes lors de l’élection présidentielle en 2009. Dix ans plus tard, il devient le secrétaire régional des Young Dems dans la région du sud est, et ce n’est que quelques temps après qu’il crée le Black Caucus, une branche où pourraient se rassembler et se mobiliser les jeunes démocrates noirs, au sein-même du parti.

 

Avant que le Black Caucus ne soit créé, les Young Democrats of America disposaient déjà d’un groupe dédié aux minorités avec tous les groupes combinés (afro-américains, latino-américains, asiatiques-américains, populations indiennes, etc.) Une manière de procéder qui ne permettait pas aux communautés de représenter aux mieux leurs différents combats, explique Rashad : "Même si nous restons des frères et soeurs unies dans cette lutte contre l’injustice, il faut qu’à un moment ou à un autre, on se concentre sur ce qui est bien pour nous et notre communauté."

 

Selon lui, si les communautés doivent avancer ensemble pour faire valoir leurs combats en politique, elles doivent aussi avoir leurs propres moments de réflexion, afin d’identifier leurs luttes  singulières : "Ma famille est d’origine caribéenne, et donc, je ne vais pas forcément appréhender les questions liées à l’immigration de la même manière que quelqu’un d’origine mexicaine ou dominicaine."

De nombreux combats à mener

Au sein de la communauté noire américaine, les combats sont nombreux. Non seulement elle se doit de réformer le système pénal, "qui traite aujourd’hui les Noirs comme des déchets", répète Rashad, mais elle se doit aussi de lutter pour plus de représentativité dans les organes de pouvoir politique du pays. 

 

L’inclusion des Noirs en politique est encore aujourd’hui compromise par le remaniement constant des circonscriptions électorales*, explique Rashad : "Dans certains États où les Noirs comptent pour au moins 45% de la population, un seul représentant noir siège au Congrès. Comment est-ce possible ? Ça n’a aucun sens."

 

Et si la plupart des Noirs américains voient les questions d’éducation et de justice criminelle comme des priorités, en termes de politiques à améliorer, Rashad voit l’urgence dans les services de santé. "Si nous avions accès à de meilleurs emplois, si nous avions accès à une éducation de qualité, et si le système pénal ne nous traitait pas comme il le fait aujourd’hui, nous ne serions même pas capable d’en profiter car nos corps ne vivraient pas assez longtemps pour le vivre. Nos esprits, nos coeurs ne seraient pas capables de le supporter à cause de tous les traumatismes qu’on vit depuis des générations."

Rachel Rodrigues

* Certains découpages électoraux peuvent être destinés à affaiblir le vote des Noirs, dans certains États et donc être déclarés illégaux (comme, en 2017, par exemple, dans l'État de Caroline du Nord)

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