top of page

La jeunesse debout pour un meilleur accès au vote

Pourtant déterminant, le taux de participation des jeunes américains reste encore inférieur à ce qu’il pourrait être. Campus Vote Project a décidé de mener le combat pour briser les barrières à l’accès au vote et étendre ce droit fondamental au plus grand nombre.

DSC_0032.JPG

Sarah Mitchell, Mike Burns, et Azurée Bateman oeuvrent quotidiennement au sein du Campus Vote Project pour démocratiser le droit de vote.

Lors des midterms de 2014, le taux de participation atteignait à peine 20 % chez les 18-29 ans, son plus bas niveau historique. En 2018, ce taux a bondi pour atteindre 31%, le plus haut résultat depuis des décennies. Si celui-ci a tendance à augmenter ces dernières années, il reste insuffisant par rapport aux tranches d’âges supérieures de la population. 

 

Or, si les jeunes ne se rendent pas aux urnes, ils représentent un réservoir de votes non négligeable. Selon les dernières données démographiques, ils forment une part de plus en plus importante de la population américaine. En 2019, les milléniaux (adultes âgés de 20 à 35 ans) ont dépassé en nombre les “baby boomers” (les enfants de l’après-guerre), et constituent dorénavant, avec la génération Z (née après 1995), le plus large groupe éligible au vote pour l’élection présidentielle de 2020.
 

Néanmoins, de nombreux obstacles structurels empêchent encore l’accès au vote d’une grande partie de la jeunesse américaine. Entre 18 et 34 ans, les jeunes adultes sont enclins à une plus grande instabilité. Les migrations internes au pays sont fréquentes, les jeunes se déplaçant pour trouver un emploi, déménager ou pour des raisons familiales. 

 

Ils ont également moins tendance à posséder un permis de conduire, ce qui représente une difficulté supplémentaire pour se rendre aux bureaux de vote. Une grande majorité d’entre eux souffrent aussi d’un manque d’informations relatives aux démarches à suivre pour s’inscrire sur les listes électorales ou aller voter. Manque de temps, manque de moyens, manque d’informations sont ainsi les trois principales barrières.

 

Ces difficultés peuvent s’ajouter à des mesures législatives spécifiques à chaque État qui compliquent dans beaucoup de cas le droit de vote. Les disparités législatives entre territoires créent ainsi des inégalités criantes face à ce droit fondamental. 

 

Depuis 2013, les élus locaux peuvent modifier le processus électoral à leur bon vouloir, sans contrôle des autorités fédérales. En invalidant un pan de la loi de 1965 (Voting Rights Act), qui obligeait les anciens États ségrégationnistes à recueillir le feu vert de l’État fédéral avant de modifier leurs règles, la Cour suprême a contribué à rendre les conditions de vote entre États très hétérogènes. 


Dans certaines régions, la présentation d’un permis de conduire, les horaires réduits des bureaux de vote, ou encore l’interdiction du vote anticipé, constituent des barrières au vote, laissant de nombreux électeurs potentiels de côté. Ce que déplore Sarah Mitchell, membre du Campus Vote Project : “En plus de manquer de temps, entre les cours et souvent le travail, c’est surtout un manque de ressources qui empêche le plus souvent les étudiants d’aller voter.”

Campus Vote Project, le combat des jeunes pour les jeunes

“Les jeunes ont le pouvoir de faire la différence.” Voilà ce qu’affirme Campus Vote Project (CVP) sur sa page internet. Lancée en 2012, CVP se bat pour normaliser et institutionnaliser le vote des jeunes. En travaillant conjointement avec des universités, des étudiants et des élus locaux, elle vise à rendre le processus électoral plus facile et à réduire les barrières à l’accès au vote. Aujourd’hui affiliée à 150 universités et “community college” partenaires, réparties sur 30 États, l’organisation touche plus de 2 millions d’étudiants. 

 

Établissements post bac, les “community college” représentent un lieu clé pour l’organisation qui souhaite démocratiser le droit de vote. Non sélectifs, et à un coût moindre que les universités, ils permettent à des étudiants de toutes nationalités n’ayant pas les moyens suffisants d’y prétendre, d’avoir accès à l’enseignement supérieur. 

 

Les minorités raciales y sont ainsi surreprésentées : 52 % des étudiants hispaniques, 43% des étudiants noirs américains et 40% des étudiants asiatiques y étudient. Un enjeu électoral important lorsque l’on sait que le taux de vote des minorités visibles compte parmi les plus bas du pays eut égard aux obstacles rencontrés. Les “community college” constituent un lieu d’autant plus essentiel que les étudiants, qui continuent de vivre au sein de leur communauté pendant leurs études, partagent directement leurs informations avec leur entourage. 


La circulation de l’information reste d’ailleurs le principal défi des organisations qui souhaitent étendre l’accès au vote au plus grand nombre. Pour cela, les réseaux sociaux demeurent l’outil le plus efficace. Ainsi, selon Campus Vote Project (CVP), 47 % des 14 millions des jeunes âgés de 18 à 24 ans auraient entendu parlé des élections de 2018, les midterms, via les réseaux sociaux. Azurée Bateman, membre du CVP, appelle néanmoins à la vigilance : “Les réseaux sociaux sont d’une grande aide, même si la lutte contre les fausses informations constitue, pour nous, un grand défi.”

Soraya Boubaya

bottom of page