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A New York, les jeunes luttent encore contre la ségrégation scolaire

Soixante-six ans après Brown vs. Board of education, la décision historique de la Cour suprême américaine qui a mis fin à la ségrégation dans les établissements publics aux États-Unis, Teens Take Charge lutte encore pour un système d’éducation égalitaire pour tous les jeunes de New York. Dans un système où les établissements fréquentés en majeure partie par les minorités ethniques restent sous-financés, Toby Paperno, lycéen et strategy director de l’organisation nous explique pourquoi, selon lui, l’idée de méritocratie serait fausse.

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"Pourquoi n’ai-je jamais eu un camarade de classe blanc ? " C’est de cette question qu’est née l’organisation lycéenne new-yorkaise Teens Take Charge, en 2017. D’un simple constat dressé par Nelson Luna et Whitney Stephenson, deux lycéens racisés de New York sur le constat d’un système d’éducation ségrégué. Si l’engagement politique des jeunes américains prend de plus en plus d’ampleur aux quatre coins du monde sur des sujets comme le climat, ou des enjeux de justice sociale, il n’est pas étonnant d’apprendre qu’à New York, un de leurs sujets de prédilection repose aussi sur l’éducation. 

 

À 17 ans, Toby Paperno est lycéen à Beacon School et déjà impliqué politiquement au sein de Teens Take Charge. Depuis qu’il a rejoint l’organisation en septembre 2018, il lutte aux côtés d’une soixantaine de jeunes militants et espère pousser les politiciens new-yorkais à adopter de nouveaux plans concrets pour un système d’éducation plus intégré. En 1954, l’arrêt de la Cour suprême Brown vs. Board of education met fin à la ségrégation dans les établissements publics : "À ce moment-là, l’idée selon laquelle separate voulait dire equal prend fin." Mais cela ne recrée pas, à ses yeux, un système égalitaire pour autant.

 

Un engagement politique qui lui est venu de sa propre expérience, en tant que lycéen blanc et privilégié. Car avant d’étudier à Beacon, un lycée à majorité blanche dans le prestigieux west side de Manhattan, Toby a fréquenté un collège plus mixte où la plupart de ses camarades se trouvaient être noirs ou latinos. C’est en arrivant à Beacon qu’il a réalisé l’ampleur des disparités qui existaient entre les deux milieux.

Faire entendre les voix lycéennes

Teens Take Charge est aussi une organisation qui lui a permis de se constituer une réelle conscience politique individuelle en tant que jeune lycéen encore légalement incapable de voter. Aujourd’hui, il assume son soutien à Bernie Sanders et affirme sa volonté de voir émerger aux États-Unis un "vrai socialisme afin de lutter contre les écarts de richesse, trop importants dans la société actuelle."

 

Un autre objectif que se fixe Teens Take Charge est de faire en sorte que les voix des lycéens soient entendues en matière de politique éducative. Une revendication qui a notamment poussé à la création d’un poste de Student voice manager au Département d’éducation de New York. "On prévoit également de lancer un collectif de représentants qui seraient présents dans chacune des 486 écoles de New York, raconte Toby, parmi lesquels une dizaine rencontrerait mensuellement le ministre du Département d’éducation afin de l’aider à mettre en place des politiques."

 

"De nombreux plans visant à lutter contre la ségrégation scolaire ont été proposés, mais rien d’abouti jusqu’à présent", poursuit Toby. Le 18 mai prochain, TeensTakeCharge prévoyait un boycott afin de pousser le maire de la ville de New York à assurer un système d’éducation sans discrimination raciale par le biais d’un plan de déségrégation. Une échéance primordiale que l’organisation a du annuler, en raison de la crise sanitaire, et qui aurait dû permettre aux jeunes lycéens de TeensTakeCharge de faire pression sur la mairie et le département d’éducation, un an avant les élections municipales de 2021. 

 

Mais le combat de l’organisation pour plus d’égalité entre tous les élèves et étudiants new-yorkais ne s’arrête pas là. Après que la ville de New York a annoncé le 7 avril dernier la suppression du Summer Youth Employment Program (une aide municipale à hauteur de 150 millions de dollars qui offre des emplois à 75 000 jeunes chaque été), l’organisation n’a pas tardé à répliquer, en réclamant son maintien, afin de réduire les écarts sociaux et professionnels que la ségrégation crée : "Le perdre maintenant, en pleine crise, serait néfaste pour la santé mentale des jeunes."

Rachel Rodrigues

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